L’éco-pâturage : une nouvelle pratique qui interroge l’espace public

L’éco-pâturage : une nouvelle pratique qui interroge l’espace public

21 juin 2018 Par Olivier Bories

Dans la veine des agricultures urbaines qui participent à la construction d’une ville cultivée, fertile, nature, « verte » ou « campagne », l’éco-pâturage, ou l’utilisation d’animaux en ville pour l’entretien des espaces verts, se développe.

Auteurs : Olivier Bories, Corinne Eychenne.

La pratique est pour l’heure encore expérimentale. Les expérimentations se concentrent dans le nord ouest du territoire (Entretien Nature et Territoire, 2014). Chassé par l’urbanisme progressiste (Lofti et al., 2012), l’animal est réintroduit dans la cité. L’éco-pâturage soulève de nombreuses questions. Certaines ont trait à l’introduction d’une nature « agricole » dans l’espace urbain, participant de sa « ruralification » (Bories, 2015), de son « agrarisation » (Erwein, 2014), voire de la mise en scène et de la folklorisation de la campagne. D’autres concernent la mise en place d’une alliance, d’une hybridation territoriale entre deux mondes, l’un urbain, l’autre rural, pour l’instant simplement voisins (Vidal et Fleury, 2009). Beaucoup traitent du choix des modes de gestion (en régie, externalisée, partenariale), de la faisabilité technique (systèmes de contention, surveillance, hivernage des animaux, etc.) et des compétences nouvelles à détenir (formation), hybridant les sphères de l’aménagement paysager et du monde agricole et pastoral.

Nous proposons dans cette communication « courte » de questionner l’éco-pâturage dans son rapport à l’espace public, plus précisément dans ce qu’il implique de marqueurs spatiaux de partition de l’espace, notamment à travers les clôtures. Pour cela nous utiliserons les résultats d’une étude exploratoire. Elle a été conduite dans le cadre d’une expérimentation d’éco-pâturage mise en place sur une commune périurbaine de l’agglomération toulousaine. L’analyse du projet et les propos recueillis par entretiens auprès des populations résidentes dévoilent la nature hautement symbolique voire fantasmatique des représentations individuelles et collectives sur la place de l’animal en ville. Ils font également ressortir la prégnance de la question de l’accessibilité et de la pratique de l’espace public, l’éco-pâturage pouvant conduire à une forme de privatisation du lieu à partager et à l’exclusion de certains de ses usagers. Cette proposition s’inscrit plus largement dans l’observation et l’analyse de nouvelles situations de coprésences liées à l’introduction de l’animal en ville.

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3ème édition Congrès international 3R Rencontres Recherches Ruminants, Dec 2016, Paris.

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