Appel d’offres Enseignant-Chercheur : paysage de l’éco-pâturage.
17 décembre 2020Paysage de l’éco-pâturage. Une bergère et son troupeau au coeur de l’agglomération Bordelaise.
Unité de recherche à laquelle est rattaché le projet : LISST – Dynamiques rurales. Porteur(s) du projet : Olivier Bories, Maître de conférences en aménagement de l’espace, ENSFEA1
Contexte de la proposition, problématique et intentions de la recherche
Le mode de fabrication de la ville durable interroge aujourd’hui toutes les grandes métropoles. Partout la politique de planification urbaine doit contenir la « minéralisation » des sols. Dans ce contexte et au regard de l’enjeu écologique, la naturalisation de l’espace urbain est centrale et répond de surcroît à une forte demande citadine de nature en ville (bien-être, cadre de vie et paysage, etc.).
Le développement de l’agriculture urbaine est un des symboles du processus de re-végétalisation. Dans plusieurs agglomérations, comme à Paris, Nantes, Toulouse ou Bordeaux, cet effort de naturalisation de la ville s’exprime entre autres par le pâturage urbain. La présence d’animaux d’élevage dans l’espace urbain « animalise » davantage la ville (cf. animaux domestiques). La pratique, souvent qualifiée d’écopâturage, se développe sous des formes diverses, plus ou moins abouties. L’éco-pâturage est envisagé, souvent par les collectivités, comme un outil écologique qui permet de répondre à de nouvelles règles de gestion (Loi Zérophyto) et de s’inscrire dans une pratique d’entretien plus respectueuse de l’environnement. L’éco-pâturage est une de ces pratiques innovantes, en construction et agroécologiques qui intéresse la transition et par conséquent le projet scientifique porté par l’ENSFEA sur la question du changement.
Des modèles d’éco-pâturage existent
Depuis 2019 à Bordeaux, la bergère Rachel Leboet et son troupeau parcourent les grands espaces du « Parc des Coteaux ». On parle plutôt dans ces cas-là de pâturage urbain.Cette expérience Bordelaise est particulièrement intéressante tant du point de vue des moyens mobilisés pour son développement que des singularités qu’elle présente. Elle s’inscrit tout d’abord dans une opération qui s’appuie sur un vaste projet de renouvellement urbain (construction de la ville durable) et un plan mûri sur plusieurs années de gestion raisonnée des espaces verts et ouverts à l’échelle de la métropole, mais aussi des collectivités qui forment le Grand Projet de Ville Rive Droite (Bassens, Lormont, Cenon, Floirac). Elle constitue en outre une expérience dont la gestion est particulièrement organisée. Son pilotage est notamment réalisé au sein du Groupement d’Intérêt Public qui coordonne et anime le réseau des acteurs et partenaires impliqués, qu’il s’agisse des collectivités ou du Conservatoire des Races d’Aquitaine. L’association qui agit pour la sauvegarde et la valorisation des races d’élevage régionales met à disposition un troupeau de 25 brebis landaises.
La singularité de l’opération relève aussi de l’emploi d’une bergère à l’année. Cette dernière est chargée d’organiser la surveillance et le déplacement des animaux mais aussi d’établir le lien avec les citadins habitués à pratiquer les espaces ouverts du Parc des Coteaux. La zone concernée est très importante et recouvre une surface de 240 ha d’espaces publics en balcon sur la Garonne et la ville de Bordeaux. L’opération se distingue enfin par la surface de pâture disponible, à savoir 60 ha de prairies. Cette expérience originale et en plein développement constitue un projet de pâturage urbain économiquement, politiquement et socialement viable.
Dans le cadre de ce projet, nous proposons la réalisation d’un film-recherche sur cette démarche de pâturage urbain situé dans la métropole de Bordeaux.
L’objectif principal de cette recherche audiovisuelle est d’enrichir la capacité à observer ce type d’expérience innovante. Il s’agit de donner à voir et d’analyser la diversité des enjeux de préservation et de valorisation agro-écologique des espaces de nature en ville que revêt ce type d’expérience. Il n’existe à ce jour aucun film sur cette forme d’opération et de technique. Avec cette recherche audiovisuelle, nous proposons plus particulièrement de questionner trois dimensions de cette expérience.