Dans SERANA, seront croisées les méthodes de sciences physiques (analyse d’échantillon de sol en laboratoire), d’écologie (relevé d’espèces animales et végétales), et de sciences sociales (enquêtes et entretiens et cartographie).
Par type d’AU, un protocole méthodologique unique hybridant toutes les approches disciplinaires sera élaboré afin de décloisonner la rechercher et optimiser les moyens matériels (minimiser les coûts de déplacement) et humains (éviter la multiplication des sollicitations de nos interlocuteurs). Ce projet de recherche fait le pari de combiner des approches des sciences écologiques et des sciences humaines par l’implication de laboratoires de recherche inscrit dans ces deux champs disciplinaires. Quatre méthodes seront développées :
Des inventaires botaniques
Les inventaires de végétation (flore vasculaire, etc.) seront réalisés d’avril à juin sur les sites retenus dans le cadre de ce projet. La végétation sera identifiée au niveau de l’espèce et le pourcentage de recouvrement pour chaque espèce sera estimé par site (méthode des quadrats avec estimation de l’abondance-dominance selon l’échelle de Braun-Blanquet). Afin de prendre en compte la forte hétérogénéité spatiale caractéristique des milieux urbains, le protocole d’inventaire doit être adapté. Joimel (2015) propose la réalisation d’un croquis de chaque espace étudié afin d’identifier les zones homogènes dans lesquelles inventorier la végétation. Ici, les critères d’homogénéité comporteraient la composition floristique mais aussi des paramètres abiotiques (exposition, humidité du sol…). Selon le cas, nous appliquerons la nomenclature universelle CORINE pour décrire l’occupation biophysique du sol.
Des inventaires de la faune du sol
Les inventaires de la faune du sol seront également réalisés d’avril à juin, période où les conditions du sol sont optimales. Le recensement s’intéressera principalement à l’entomofaune ainsi qu’aux isopodes terrestres. En effet, au sein des agro-systèmes ces deux cortèges d’espèces se retrouvent en grand nombre et fournissent des services écosystémiques bien renseignés dans la bibliographie. De plus on distingue au sein de cette guilde des bio-indicateurs permettant de mesurer et d’apprécier l’impact des facteurs environnementaux sur la biodiversité globale (Souty-Grosset et al.2005) (e.g. carabes chez les insectes et cloportes chez les isopodes terrestres).
Ces différents recensements faunistiques permettront d’estimer des indices de biodiversité tels que des indices de Shannon ou de Piélou basés sur le nombre d’espèces et leur abondance. Cette méthodologie montrera ainsi la performance environnementale du patrimoine « semi-naturel » et domestiqué.
Des enquêtes sociologiques
Des entretiens semi-directifs avec les acteurs de l’AU seront réalisés. Les personnes interrogées seront les gestionnaires, les agriculteurs, les propriétaires, les acteurs institutionnels et les acteurs politiques. Les entretiens porteront sur la perception de la biodiversité, la gestion appliquée et la manière dont se sont constituées les connaissances autour de ce choix de gestion (émergence, transmission et utilisation des savoirs savants et des savoirs pratiques). Les chemins de vie, de formations et de carrière seront également retracés. En effet, certaines caractéristiques jouant dans la sensibilité aux changements de pratiques ont pu être identifiées dont notamment le profil socio-culturel (Botzat et al, 2016). Un niveau d’étude élevé facilite également la reconnaissance de pratiques favorables à l’environnement (Barnes et al, 2018).
Un intérêt sera porté aux politiques locales en faveur de la biodiversité et à la gestion des espaces d’AU. Ces enquêtes seront facilitées par la plateforme en ligne ‘Biotiful’ conçue pour l’étude de la perception humaine de la nature (https://www.biodiful.org/#/)
Un système d’informations géographiques
Elle se fera en deux étapes :
Un diagnostic de l’AU sur le territoire de Grand Poitiers Communauté Urbaine afin d’en faire une typologie et d’en identifier des terrains représentatifs pour des investigations plus approfondis.
Au-delà de l’occupation du sol au sein de nos sites d’études retenus, nous cartographierons les entités paysagères des zones afin de contextualiser les espaces étudiés. Nous pourrons alors estimer des métriques paysagères tels que les degrés de naturalité (proportion d’espaces anthropisés des alentours), d’hétérogénéité (résolution de la mosaïque paysagère des alentours) et d‘isolement spatial de nos sites. Par ailleurs nous évalueront le rôle de nos sites d’études au sein des réseaux de trames vertes. Plus précisément, nous évaluerons leurs apports, en termes de connectivité : c’est-à-dire leur importance à connecter d’autres espaces de biodiversité qui se situeraient aux alentours. Ceci sera permis par le calcul d’indices de connectivité tels que le dIIC ou encore les PC.