L’urbanisation est l’un des principaux facteurs de changement de la couverture terrestre dans le monde (Grimm et al., 2008) et affecte le paysage biophysique et socio-économique. On estime qu’en 2050, plus de 68% de la population mondiale voudra vivre en zone urbaine (United Nations, 2019).
Cette démographie galopante tant à rapprocher encore plus les villes des pratiques agricoles. C’est bien évidemment dû aux extensions urbaines qui phagocytent les terres agricoles (Brown, Johnson, Loveland et Theobald, 2005). C’est aussi en lien avec la relocalisation de l’agriculture. En effet, en réponse à l’insécurité alimentaire, l’agriculture urbaine s’est rapidement développée. Par exemple, aux États-Unis, les espaces dédiés à l’AU ont augmenté de plus de 30% au cours des 30 dernières années (Alig, Kline et Lichtenstein, 2004). Malgré cette augmentation, l’intégration de l’AU dans un paysage urbain pose toujours des défis importants. Par rapport à la biodiversité et aux services écosystémiques, la littérature (Lin et al, 2015) pointe trois lacunes majeures qui tendent à limiter les services fournis par l’AU : une faible évaluation des services écosystémiques de l’AU (Efese, 2018), une faible connaissance de la biodiversité dans les agroécosystèmes urbains (Beniston et al, 2012) ; et enfin, le rôle des acteurs AU dans la médiation de la résilience face aux principales menaces peu connu (Eriksen-Hamel & Danso, 2010). C’est sur les deux derniers points que se positionne cette recherche.
Les sites d’AU peuvent être des refuges de biodiversité et par conséquent des lieux où les services écosystémiques sont importants. Dans un exemple de cinq villes britanniques, plus de 1000 espèces ont été répertoriées dans 267 potagers, soit plus que dans tous les autres habitats locaux et semi-naturels (Loram, Warren et Gaston, 2008). Parce que les jardins familiaux présentent souvent une abondance de plantes à fleurs et par conséquent une saison prolongée d’approvisionnement en nectar, ils peuvent soutenir les pollinisateurs urbains pendant de longues périodes (Colding et al., 2006). Dans une enquête sur 16 jardins familiaux à Stockholm, le nombre d’espèces d’abeilles observées variait entre 5 et 11, y compris un grand nombre de bourdons, observés sur un total de 168 espèces végétales, en particulier celles des lamiacées, Asteraceae, Fabaceae, Boraginaceae et Malvaceae (Ahrne, Bengtsson et Elmqvist, 2009). De nombreuses études sur les oiseaux ont également révélé une diversité plus importante des espèces insectivores sur les sites d’AU (Daniels & Kirkpatrick, 2006b ; Andersson, Barthel et Ahrné, 2007 ; French, Major et Hely, 2005). Les espèces présentes dans les jardins potagers arborent généralement une bonne diversité génétique : preuve de l’intégration et du rôle en termes de connectivité des jardins potagers au sein de la trame verte urbaine (Doody, Sullivan, Meurk, Stewart et Perkins, 2010). Fruit d’une bonne connectivité écologique, cette diversité génétique contribuent à la conservation des espèces menacées (Roberts et al, 2007 , Braaker et al., 2014 ). Ces études montrent l’AU fourni de la nourriture, des ressources biologiques et des couloirs de circulation
Le déploiement de l’agriculture de proximité a donc également une portée environnementale. Aussi, cette recherche viendra alimenter la déclinaison régionale de la politique de transition écologique et énergétique réalisée par la DREAL, elles se traduisent notamment par
- la promotion d’actions en faveur de l’adaptation au changement climatique dans le domaine de la production agricole (réduction de l’empreinte carbone, sobriété énergétique, réduction des gaspillages, la valorisation et recyclage des déchets…),
- l’intégration dans les projets de territoire de la dimension alimentation comme facteur de développement local et d’aménagement de territoires durables en veillant à la cohérence et à la complémentarité des différents dispositifs existants (SRADDET, SRCE, SCOT, PLUi, Objectifs de développement durable et Agenda 2030 dispositifs issus de la COP 21, Territoires à énergie positive, éco-quartier, Plans climat air énergie territoriaux, AMI centres bourgs…),
Les services écosystémiques étant souvent fonction des niveaux de biodiversité (Loreau et al., 2001), la composition, la diversité et la structure des communautés végétales et animales au sein et autour de l’AU sont importantes à prendre en compte pour la conservation des services écosystémiques urbains. Il est tout aussi important de mieux comprendre les pratiques de gestion et sensibiliser les acteurs territoriaux de l’AU à l’importance de la biodiversité et à la place de leur activité dans les schémas globaux comme le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET), institué par la loi NOTRe dans le contexte de la mise en place des nouvelles Régions en 2016.